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Considérée tour à tour comme un art, une discipline, une science, l'orthographe ne laisse jamais indifférent. Elle suscite bien souvent des débats passionnés, basés tout autant sur la raison que sur l'émotion. Générant des sentiments d'amour-haine, l'orthographe est vue autant comme un signe d'intelligence et de sensibilité que comme une pratique obsessionnelle et maniaque d'une élite pseudo-intellectuelle. Ce site n'a pour objet ni de juger ni de trancher sur ces deux opinions.

Peu importe la vision que l'on porte sur elle, le caractère ambivalent et culturel de l'orthographe française a inspiré de nombreux écrivains qui la mentionne dans leurs écrits fictionnels ou (auto)biographiques. Retour sur quelques citations issues des oeuvres littéraires les plus célèbres qui mettent en valeur l'orthographe au sens propre comme au sens figuré (les fautes d'orthographes deviennent alors synonymes de fautes morales ou de faute de goût).

"Mais je l’ai connue vraiment érudite en ce genre, solidement instruite à plusieurs autres égards, bien qu’elle ne sût pas un mot d’orthographe" (George Sand, Histoire de ma vie, 1855)

"De ce jour-là elle ne cessa plus de me cramponner, elle ne savait pas un mot d’orthographe, c’est moi qui faisais les lettres". (Marcel Proust, La Prisonnière, 1922)

"Par hasard on vint à parler de la devise de la maison de Solar, qui était sur la tapisserie avec les armoiries : Tel fiert qui ne tue pas. Comme les Piémontais ne sont pas pour l'ordinaire consommés dans la langue française, quelqu'un trouva dans cette devise une faute d'orthographe, et dit qu'au mot fiert il ne fallait point de t". Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions.

"C’est la première fois qu’il m’écrit, alors il n’ose pas encore mettre l’orthographe". (André Gide, Si le grain ne meurt, 1924)

"Je l’ai priée de lire la lettre entière à Mme Moore. Si l’orthographe n’est pas exacte, ai-je ajouté, vous aurez la bonté d’excuser; c’est l’écriture d’un seigneur". (Samuel Richardson, Histoire de miss Clarisse Harlove, 1751, traduit par l'abbé Prévost)

"Arlequin. Pour les fortifier de part et d’autre, jurons-nous de nous aimer toujours, en dépit de toutes les fautes d’orthographe que vous aurez faites sur mon compte". (Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard, 1730, II, 5)

"Je l’espère bien que vous ne m’avez jamais trouvée ridicule. Suis-je femme à faire de pareilles fautes d’orthographe dans une toilette ?" (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1844)

"Il aimait mieux lire la lettre d’un paysan, sans orthographe et pleine de fautes, plutôt que de suivre cette fausse voie". (Champfleury, Les aventures de Mlle Mariette, 1853)

"Vous savez qu’elle en était venue à oublier jusqu’à son orthographe. Une déchéance, un écrasement, une demoiselle ravalée à une bassesse de servante". (Zola, L’œuvre, 1886).

"Ayant l’air d’une femme de chambre de bonne maison, jouant tant bien que mal une sonate, ayant une jolie écriture anglaise, sachant le français et l’orthographe, enfin une complète éducation bourgeoise". (Balzac, La maison Nucingen, 1838)

"Hélas ! pensa Rodolphe en la regardant, la pauvre enfant n’a guère de littérature. Je suis sûr qu’elle se borne à l’orthographe du cœur, celle qui ne met pas d’s au pluriel" (Murger, Scènes de la vie de bohème, 1848)

"La bonne femme de Montfort l’Amaury lui écrit le 29 février d’un cœur résolu et d’une orthographe hésitante". (Henry Bordeaux, Les derniers jours du fort de Vaux, 1916)

"Signalant en elles les défauts qui pouvaient leur nuire auprès des hommes, de grosses attaches, un vilain teint, pas d’orthographe, des poils aux jambes, une odeur pestilentielle, de faux sourcils". (Proust, À l’ombre des jeunes filles en fleurs, 1918)

"Julien frémit de l’imprudence, chercha la page 130 et y trouva attachée avec une épingle, la lettre suivante écrite à la hâte, baignée de larmes et sans la moindre orthographe. Ordinairement madame de Rênal la mettait fort bien, il fut touché de ce détail" (Stendhal, Le Rouge et le Noir, 1830)

"Les lignes suivantes qu’elle eut soin de parsemer de nombreuses fautes d’orthographe, ce qui donne toujours un certain cachet à la lettre d’une femme" (Ponson du Terrail, Rocambole, 1859)

"La brutalité du mariage crée des situations définitives, supprime la volonté, tue le choix, a une syntaxe comme la grammaire, remplace l’inspiration par l’orthographe, fait de l’amour une dictée" (Victor Hugo, L’homme qui rit, 1869)

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